Chargement en cours...
Les abeilles produisent plus de miel sur le toit des grandes villes

 

Les abeilles produisent plus de miel sur le toit des grandes villes

Abeilles en villes

LE MONDE | 28.08.09 | 17h43  •  Mis à jour le 28.08.09 | 18h26

De nouveaux locataires ont pris possession du château de Versailles, de l’Opéra de Lille et d’encore bien d’autres édifices en France : les abeilles. “Elles trouvent en ville tout ce qu’il faut pour se nourrir, explique Nicolas Géant, apiculteur en charge des ruches installées sur le toit du Grand Palais, à Paris. Une myriade de fleurs et d’arbres s’offre à elles. Au contraire de la campagne, où le paysage n’est fait que de champs qui se succèdent les uns aux autres.”

Les abeilles de Nicolas Géant ont trouvé au Grand Palais un emplacement de rêve, disposant notamment du parc de l’Elysée et du jardin des Tuileries. La pollution des villes n’est certes pas idéale, mais, comme l’explique l’apiculteur, “il y en a une autre, bien plus grave, celle due aux insecticides, engrais et fongicides en tout genre. Dans les campagnes, le taux de mortalité est de 30 % à 50%, alors qu’il est bien moindre en ville.”

C’est au lycée que, il y a vingt-cinq ans, Nicolas Géant s’est découvert une passion pour ces insectes en participant au “club abeille” de son école pour occuper ses mercredis après-midi.

SENSIBILISATION 

Aujourd’hui c’est le Grand Palais qu’il a choisi pour installer ses ruches. “Un lieu mythique en plein coeur de Paris”, voilà ce qu’il désirait pour ses protégées. Deux ruches y ont trouvé leur place, contenant chacune 80 000 à 90 000 abeilles en été, mais Nicolas Géant ne va pas s’arrêter là : il compte installer trois nouvelles ruches, “l’objectif étant de produire une tonne et demie de miel”.

Yves Saint-Geours, le président du Grand Palais, n’a pas hésité une seconde face au projet de M. Géant : “Lorsqu’il nous a contactés, nous avons tout de suite dit oui.” Dans quelques jours aura lieu la première récolte du miel estampillé “Miel du Grand Palais”, et celle-ci risque d’être bonne. En moyenne, sur Paris, les récoltes peuvent atteindre 100 kg de miel par an et par ruche, contre une dizaine en moyenne à la campagne. 
Le “Miel de l’Opéra“, produit par des ruches installées depuis longtemps sur les toits du Palais Garnier, lui, a déjà trouvé sa place dans les boutiques de luxe, et reste aujourd’hui l’un des plus chers du monde.

L’UNAF

De son côté, l’Union nationale de l’apiculture (UNAF), créée en 1946, a lancé fin 2005 l’opération “Abeilles, sentinelles de l’environnement”. Ce programme vise à intégrer l’abeille dans l’espace urbain. “Le but étant de sensibiliser le public, explique Félix Gil, apiculteur et responsable des formations et des ruchers des bases de loisirs d’Ile-de-France, non seulement sur la disparition massive des abeilles, mais aussi sur leur importance dans la préservation de la biodiversité.” Vincent Hennion, quant à lui, s’occupe des trois ruches 
installées sur le toit de l’Opéra de Lille, ainsi que de celles du jardin botanique, en plus de son propre rucher.

M. Hennion y reçoit en moyenne 5 000 visiteurs par an, tous curieux d’en savoir plus sur les abeilles. L’apiculteur se dit “surpris de l’engouement que cela a suscité. On a du mal à suivre. Les écoles d’apiculture sont pleines. J’ai même commencé à vendre des ruches à des particuliers qui veulent en installer dans leur jardin. De plus en plus de villes veulent participer au projet de l’abeille sentinelle.”

L’UNAF et ses apiculteurs partenaires sont tous ravis de voir qu’ils ont réussi leur pari : “Les gens ont désormais un regard différent sur les abeilles, explique Vincent Hennion. Beaucoup s’en méfiaient. Aujourd’hui, ils admirent davantage leur travail exceptionnel.”

Lucie Lecocq 
Article paru dans l’édition du 29.08.09